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Les préoccupations des Canadien·nes au sujet de l’intelligence artificielle générative l’emportent sur leur enthousiasme

Par Byron Holland
Président et chef de la direction

Chaque année, CIRA commande un sondage annuel pour évaluer la façon dont les Canadien·nes utilisent Internet et publie les résultats dans une nouvelle édition du Dossier documentaire sur Internet au Canada. Cette année, CIRA publie une série d’articles de blogue basés sur les constatations du sondage pour le Dossier documentaire sur Internet au Canada 2024. L’article de blogue qui suit est le premier d’une série de quatre.

L’IA générative a pris le monde d’assaut et nous offre une foule de moyens pour augmenter notre productivité, libérer notre créativité et améliorer notre vie. Il est facile de penser qu’une technologie aussi prometteuse, une technologie d’usage général qui pourrait avoir un impact aussi important sur l’économie mondiale que le chemin de fer ou l’électricité, serait adoptée rapidement par les Canadien·nes. 

Toutefois, selon les plus récentes recherches sur le sujet que l’on retrouve dans le Dossier documentaire sur Internet au Canada de cette année, la situation est très différente. Est-ce que tout le monde parle de l’IA générative? La réponse est certainement oui. Cependant lorsqu’il s’agit de l’utiliser réellement, les Canadien·nes semblent préférer leur propre intelligence jusqu’à maintenant plutôt que la variété artificielle. Dans notre sondage annuel réalisé auprès de 2 000 Canadien·nes, seulement 16 pour cent des personnes interrogées affirment avoir utilisé une plateforme d’IA générative comme ChatGPT au cours de la dernière année. 

Il existe quelques différences régionales notables, les gens du Nouveau-Brunswick étant deux fois plus susceptibles (24 pour cent) que les gens de l’Alberta (12 pour cent) et de la Saskatchewan (12 pour cent) de déclarer utiliser l’IA générative, mais l’adoption globale semble, malgré tout le battage médiatique, étonnamment faible. 

Chez la grande part de Canadien·nes qui ont boudé les outils d’IA génératifs jusqu’à présent, les raisons les plus fréquemment invoquées sont le manque d’intérêt (41 pour cent) et l’absence de besoin (40 pour cent), et un tiers des Canadien·nes affirment ne pas avoir assez confiance en cette technologie pour l’utiliser. 

Sur les 16 pour cent de Canadien·nes qui ont utilisé ChatGPT et d’autres outils d’IA générative, un peu plus des deux tiers (68 pour cent) l’ont fait en milieu de travail, et la bonne nouvelle c’est que plusieurs trouvent l’IA utile. Les trois principaux avantages cités sont la possibilité d’effectuer plus rapidement une tâche sur laquelle ils travaillent (33 pour cent), de meilleures idées de remue-méninges (29 pour cent) et la création de contenu écrit (27 pour cent). Chez les gens qui n’ont pas utilisé l’IA générative dans le cadre de leur travail, 47 pour cent invoquent un manque de besoin, 21 pour cent ne savent pas comment la technologie pourrait faciliter leur travail et 10 pour cent n’y sont pas autorisés par leur employeur. 

En dehors du lieu de travail, les Canadien·nes affirment utiliser la technologie simplement pour voir comment elle fonctionne (56 pour cent), pour créer du contenu écrit à des fins personnelles (41 pour cent) et comme option par rapport aux moteurs de recherche (35 pour cent). 

Si les taux d’adoption sont étonnamment bas, il en va de même pour le niveau général d’enthousiasme des Canadien·nes à l’égard de cette technologie. Seulement 17 pour cent des personnes interrogées lors du sondage se disent enthousiasmées par le développement d’outils et de plateformes d’IA générative. Les personnes qui font partie de ce groupe ont cité la contribution des outils d’IA générative au progrès technologique (55 pour cent), sa productivité et ses avantages économiques (48 pour cent) ainsi que son potentiel d’innovation et d’inventions (48 pour cent) comme les principales raisons d’être enthousiastes, mais dans l’ensemble, l’accueil a été, au mieux, tiède. 

Pourquoi les Canadien·nes sont-ils si réservé·es à l’égard de ce qui s’annonce comme une technologie numérique transformatrice? L’incertitude quant à la façon dont elle sera utilisée, voire éventuellement mal utilisée, est un facteur clé. Plus de la moitié des personnes interrogées (51 pour cent) admettent être préoccupées par l’IA générative, tandis que seulement 17 pour cent déclarent ne pas l’être. 

Parmi les plus grandes sources d’inquiétude citées par les personnes interrogées on retrouve le risque que les plateformes d’IA générative contribuent à la propagation de la mésinformation et de la désinformaton en général (67 pour cent) et à la diffusion d’images et de vidéos « hypertruquées » en particulier (69 pour cent). L’absence de réglementation et de mesures de contrôle régissant l’utilisation de l’IA était une autre source d’inquiétude majeure citée par 65 pour cent des personnes interrogées, ainsi que la possibilité que cette technologie à l’évolution rapide puisse perturber la société humaine (56 pour cent). 

Concernant ce dernier point, il ne fait guère de doute que l’IA générative est une technologie perturbatrice. De plus, elle n’est pas en voie de disparaître. Elle continuera d’évoluer et, comme l’Internet lui-même, elle aura un impact important sur la vie des Canadien·nes tant sur le plan économique que social et politique. Par ailleurs, les nombreux doutes que les Canadien·nes nourrissent à l’égard de cette technologie sont valables et doivent être abordés dans le cadre d’un dialogue continu qui nous permettra de mieux comprendre la meilleure façon de profiter des outils et des plateformes d’IA générative, tout en mettant en place des mesures de contrôle appropriées pour atténuer les risques. 

À propos de l’auteur
Byron Holland

Byron Holland (MBA, ICD.D) est président et chef de la direction de CIRA, l’organisme national à but non lucratif mieux connu pour sa gestion du domaine .CA et pour l’élaboration de nouveaux services de cybersécurité, de registre et de DNS.

Byron est un expert de la gouvernance de l’Internet et un entrepreneur aguerri. Sous l’égide de Byron, CIRA est devenue un des principaux ccTLD au monde en gérant plus de 3 millions de domaines. Au cours de la dernière décennie, il a représenté CIRA à l’échelle internationale et occupé de nombreux postes de dirigeant au sein de l’ICANN. Il siège présentement sur le conseil d’administration de TORIX en plus d’être membre du comité des mises en candidature de l’ARIN. Il habite à Ottawa en compagnie de son épouse, de leurs deux fils et de Marley, leur berger australien.

Les opinions partagées sur ce blogue sont celles de Byron sur des enjeux qui touchent l’Internet et ne représentent pas nécessairement celles de l’entreprise.

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