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Packet Clearing House et l’ACEI consacrent une nouvelle étude aux trajectoires qu’emprunte le trafic Internet

Par Byron Holland
Président et chef de la direction

En 2011, l’ACEI a commandé une recherche à l’équipe de Packet Clearing House (PCH) au sujet des trajectoires qu’emprunte le trafic Internet à l’échelle du Canada.

Byron Holland, président et chef de la direction, Autorité canadienne pour les enregistrements Internet

En 2011, l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet a commandé une recherche à l’équipe de Packet Clearing House (PCH) au sujet des trajectoires qu’emprunte le trafic Internet à l’échelle du Canada. Le fait que la performance d’Internet au pays souffrait de la lenteur de l’adoption des points d’échange nous préoccupait de plus en plus. Alors, nous souhaitions comprendre de quelle façon l’architecture des réseaux canadiens influait sur le mouvement des données des internautes au pays.

L’étude en question nous a permis d’obtenir les données à l’appui de la construction de six nouveaux points d’échange Internet au Canada. Ces points d’échange allaient constituer un chemin viable permettant au trafic Internet de circuler avec efficacité à l’échelle du pays grâce à des plaques tournantes de Halifax à Montréal, à Calgary et à Vancouver.

Lors du Sommet des FSI tenu à Toronto cette année, Bill Woodcock de PHC et Jacques Latour, dirigeant principal de la technologie à l’ACEI, ont présenté un premier survol de l’étude actualisée, et les résultats préliminaires mettent en évidence certaines sources importantes de préoccupation.

Dans l’ensemble, PCH a analysé 2 207 228 routes d’Internet (traceroutes) entre 2013 et maintenant. L’étude a démontré que dans 64 pour cent des cas, les routes entre les sources et les destinations canadiennes avaient traversé la frontière du pays. À des fins comparatives, moins d’un pour cent des routes entre les sources et les destinations américaines ont passé par le Canada. Neuf pour cent du trafic au départ et à destination du Canada ont transité par un troisième pays quelconque.

Si nous forons encore davantage et que nous observons la circulation des paquets sur la base des escales, c’est-à-dire en tenant compte de chaque déplacement de ces derniers plutôt que du déplacement d’ensemble seulement. Le trafic entre les destinations canadiennes passe 27 pour cent du temps entre les frontières américaines. Onze pour cent de ce trafic passe par trois autres pays avant de revenir au Canada.

Alors, pourquoi nous soucions-nous de cette situation? Internet est mondial et interopérable. C’est bien l’intention, oui? Si la route idéale traverse les États-Unis, c’est logique, n’est-ce pas?

Mais ce n’est pas si simple que ça. Alors que nous explorons les raisons possibles de ces trajectoires du trafic, l’affaire se corse. L’étude de PCH mène à trois explications de cette situation.

D’abord, le taux de routes internationales entre le Canada et les États-Unis à avoir été mises à niveau est plus élevé que celui des routes canadiennes intérieures. Lorsque vous souhaitez faire circuler du trafic entre des villes canadiennes, la route dont la capacité est la meilleure peut passer par New York ou Seattle. C’est un choix d’investissement.

Ensuite, la nature du modèle centralisé du réseau en étoile (hub-and-spoke) devrait, dans toute la mesure du possible, favoriser le recours aux points d’échange canadiens. En règle générale, sur le plan économique, il est avantageux pour les réseaux d’utiliser la bande passante créée à ces points d’échange. Quand il s’agit des réseaux de moindre envergure, cela ne fait aucun doute. En effet, les économies découlent de la limitation des frais de transit, mais c’est également vrai pour les réseaux de plus grande envergure. La différence réside dans l’importance relative de l’avantage économique pour les plus petits fournisseurs par rapport aux plus grands.

Enfin (et c’est là où ma frustration atteint un sommet) les grands réseaux en place au Canada sont essentiellement en mesure d’obliger leurs concurrents à consacrer des fonds au transit en échangeant du trafic à des points d’échange mondiaux. Les petits et moyens FSI au Canada doivent rétribuer les réseaux en place pour acheminer les données de leur clientèle depuis et vers ces points d’échange mondiaux.

Tout cela devient coûteux et réduit la performance au pays.

Par contre, la bonne nouvelle, c’est qu’il existe une solution à ce problème. Au cours des trois dernières années l’ACEI a collaboré avec la communauté canadienne d’Internet dans le but de favoriser la mise à niveau de notre infrastructure nationale d’échange Internet.

À présent, nous nous trouvons devant un nouveau défi. Les FSI canadiens en place ne pratiquent pas l’appairage. Au moyen du tableau ci-dessous, PCH a su résumer avec clarté l’état de l’appairage chez les FSI canadiens.

Pour l’essentiel, si les FSI en place optaient pour l’appairage à Torix, soit à Toronto, presque tous les autres FSI de moindre envergure économiseraient sur les coûts de transit et seraient en mesure d’offrir un meilleur service à meilleur prix.

Selon moi, il s’agit d’une situation gagnant-gagnant. Dans le but d’offrir à leur clientèle la meilleure performance possible, les FSI devraient pratiquer l’appairage aux points à l’échelle du pays. Augmenter l’appairage profite à Internet au Canada, et nous espérons que tous les FSI peuvent en convenir.

Un résumé préliminaire de l’étude est consultable sur notre site Web (en anglais), et nous publierons le rapport complet lorsqu’il paraîtra, soit plus tard au cours de l’année. Mais les résultats vont beaucoup plus loin, y compris en donnant un aperçu de l’endroit où se trouvent les sites Web du gouvernement canadien. Je vous invite à y jeter un coup d’œil.

La version intégrale du rapport de PCH est consultable ici sur notre site Web. Mais l’étude va beaucoup plus loin, y compris en examinant où sont hébergés les sites Web du gouvernement canadien. Je vous invite à y jeter un coup d’œil.

À propos de l’auteur
Byron Holland

Byron Holland (MBA, ICD.D) est président et chef de la direction de CIRA, l’organisme national à but non lucratif mieux connu pour sa gestion du domaine .CA et pour l’élaboration de nouveaux services de cybersécurité, de registre et de DNS.

Byron est un expert de la gouvernance de l’Internet et un entrepreneur aguerri. Sous l’égide de Byron, CIRA est devenue un des principaux ccTLD au monde en gérant plus de 3 millions de domaines. Au cours de la dernière décennie, il a représenté CIRA à l’échelle internationale et occupé de nombreux postes de dirigeant au sein de l’ICANN. Il siège présentement sur le conseil d’administration de TORIX en plus d’être membre du comité des mises en candidature de l’ARIN. Il habite à Ottawa en compagnie de son épouse, de leurs deux fils et de Marley, leur berger australien.

Les opinions partagées sur ce blogue sont celles de Byron sur des enjeux qui touchent l’Internet et ne représentent pas nécessairement celles de l’entreprise.

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