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Le professeur et bénéficiaire d’une subvention Rob McMahon partage ses meilleurs conseils pour les demandeurs du Programme d’investissement communautaire

Par Erica Howes
Spécialiste en communication

Rob McMahon, bénéficiaire d’une subvention et chercheur sur l’Internet dans les communautés rurales, éloignées et autochtones, partage son point de vue pour les demandeurs.

Alors que vous vous préparez pour votre inscription au Programme d’investissement communautaire de l’ACEI, avez-vous bien réfléchi à ce vous devriez prioriser? Quels sont les enjeux numériques au Canada qui pressent le plus pour nous? 

Nous en avons parlé avec Rob McMahon, un professeur agrégé ayant déjà obtenu des subventions avec ce programme. Ses recherches sont axées sur le développement, l’adoption et l’utilisation des technologies à large bande et Internet par les communautés nordiques, rurales, éloignées et autochtones.

Rob McMahon travaille à la faculté de la formation permanente de l’Université de l’Alberta. Il est cofondateur du First Mile Connectivity Consortium, une association nationale à but non lucratif qui formule des politiques numériques pour soutenir un service à large bande collectif avec des Premières Nations isolées de l’ensemble du Canada. Il est également codirecteur de DigitalNWT, un projet qui emploie l’approche « former le formateur » pour donner les outils aux équipes d’instructeurs en région qui leur permettront d’avoir les compétences nécessaires pour offrir des formations sur la littératie numérique aux communautés des Territoires du Nord-Ouest (TNO).  

Le Programme d’investissement communautaire est désormais ouvert aux demandes de subvention, mais nous favoriserons les projets qui contribuent aux communautés nordiques, rurales et autochtones.

L’année dernière, Rob a partagé son point de vue sur le fossé numérique du Canada et sur la façon dont le Programme d’investissement communautaire peut soutenir des projets qui visent à le combler.

Selon vous, quel est à l’heure actuelle le plus grand besoin en ce qui concerne l’Internet canadien?

Malgré les récentes améliorations en matière d’infrastructure numérique haute vitesse, la connectivité locale demeure limitée et peu fiable dans beaucoup de communautés autochtones, éloignées et du Nord, et les prix facturés pour les services et les frais d’utilisation excédentaire des données y sont élevés. Cela signifie que les gens de ces communautés passent à côté des occasions offertes par l’économie numérique et qu’ils ne jouissent pas d’un accès équitable à beaucoup des services en ligne offerts ailleurs au Canada.

Pour remédier à ce problème, nous constatons que des techniciens autochtones dévoués comme Bruce Buffalo à Maskwacis prennent les choses en main afin d’améliorer les services de connectivité locaux dans leur communauté. Le travail de Bruce n’est qu’un exemple de ce type d’innovation locale; mais nous ne connaissons pas toute l’ampleur des besoins dans ces communautés. Dans son dernier Rapport de surveillance des communications, le CRTC rapporte que 61 % des ménages des Territoires du Nord-Ouest ont accès à des vitesses de service à large bande de 25 Mbit/s ou plus. Étant donné que presque la moitié de la population de ce territoire vit à Yellowknife, nous savons que plusieurs communautés n’ont pas un accès complet et constant aux services à large bande. Nous avons besoin de meilleures données et d’un meilleur soutien au niveau communautaire, particulièrement dans les zones éloignées.

Comment avez-vous vu les besoins liés à l’Internet canadien se transformer au cours des quelques dernières années?

Dans les quelques dernières années, nous avons constaté un plus grand intérêt de la part des gouvernements et des médias pour combler le fossé numérique, ce qui représente un changement positif. Il est bien de voir une plus grande attention du public portée sur des enjeux clés qui affectent les Canadiens. Pour tirer parti de cela, nous avons maintenant besoin de données ouvertes et accessibles et de règles équitables pour tous les fournisseurs de services. Par exemple, le vérificateur général du Canada a souligné dans son Rapport sur la connectivité des régions rurales et éloignées de l’automne 2018 que les petits fournisseurs de services Internet ne profitaient pas d’un accès suffisant au spectre de qualité supérieure pour soutenir le déploiement des services à large bande dans les régions rurales et éloignées. Cela signifie qu’il y a moins de concurrence pour les fournisseurs de services Internet dans ces régions, ce qui fait augmenter les prix. Cette situation se produit en dépit du fait que les titulaires de licences d’utilisation du spectre n’utilisent pas (ou ne louent pas) le spectre qu’ils détiennent, en partie en raison du faible incitatif commercial que représente le fait d’offrir en sous-licence le spectre non utilisé disponible.A close-up up of the “Make the net-work” 3D model, which illustrates how a community network is set up. The team developed customized versions of this model for the four Gwich’in communities, part of Rob’s digital literacy project funded by the Community Investment Program. Image credit: Hanne Pearce.

Quels autres besoins se démarquent selon vous?

Que les gens apprennent à coder et à créer des sites Web est une excellente chose, mais nous avons aussi besoin d’aider les gens à surveiller leur service Internet. Nous devrions encourager la littéracie numérique entourant la façon de tester une connexion Internet pour veiller à ce que les gens obtiennent le service pour lequel ils paient. Les gens doivent savoir comment signaler des choses comme des frais d’utilisation excédentaire de données élevés afin d’informer les autorités réglementaires de ce qu’ils paient, particulièrement dans les régions où la couverture est subventionnée. La littéracie numérique devrait s’intéresser à l’infrastructure d’Internet comme à ses applications.

Notre projet financé par l’ACEI en 2018 — Littératie numérique, apprentissage et ressources avec le conseil tribal Gwich’in — fait la démonstration d’une façon d’intégrer la surveillance collective de l’Internet dans des programmes de littératie numérique. Notre équipe a exploré l’innovation dans les contextes de la communauté Gwich’in avec des ateliers et la création de ressources éducatives ouvertes dans les Territoires du Nord-Ouest. Depuis la réalisation de ce projet, nous avons poursuivi notre travail avec nos partenaires du Nord par le biais du projet DigitalNWT (subventionné par Innovation, Sciences et Développement économique Canada), une initiative qui conçoit des curriculums personnalisés que les communautés des TNO peuvent mettre à jour en permanence et utiliser pour enseigner la littératie numérique. 

Un autre projet financé par l’ACEI auquel je participe avec trois associations des Premières Nations et Cybera évalue les vitesses Internet dans des communautés autochtones de l’ensemble du Manitoba, de l’Alberta et de la C.-B., et nous partagerons notre méthodologie pour permettre à d’autres groupes de faire la même chose.


L’infrastructure Internet et la littératie numériques représentent deux secteurs fondamentaux du Programme d’investissement communautaire de l’ACEI. Cette année, l’ACEI est particulièrement intéressée par les projets qui soutiennent les communautés nordiques, rurales et autochtones. 

L’ACEI accepte désormais les demandes de subvention pour les projets innovateurs. Vous avez jusqu’au 25 février 2020 pour faire votre demande à www.cira.ca/subventions

À propos de l’auteur
Erica Howes

Erica travaille dans le domaine des communications d’entreprise à CIRA. Son expérience est dans l’écriture et les relations communautaires dans le secteur sans but lucratif. Elle est diplômée du programme de journalisme de l’Université Carleton.

Téléphone
613-805-3146
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