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  • État de l'internet

En ce qui concerne Facebook, c’est compliqué

Par Georgia Evans

Chaque année, CIRA commande un sondage annuel pour évaluer la façon dont les Canadien·nes utilisent Internet et publie les résultats dans une nouvelle édition du Dossier documentaire sur Internet au Canada. Cette année, CIRA publie une série d’articles de blogue basés sur les constatations du sondage pour le Dossier documentaire sur Internet au Canada 2024. L’article de blogue qui suit est la troisième d’une série de quatre.

Facebook demeure l’application de médias sociaux la plus utilisée au Canada

La population canadienne reste très attachée au réseau social le plus populaire au monde. Selon des recherches menées pour le dernier Dossier documentaire sur Internet au Canada, environ six Canadien·nes sur dix (61 pour cent) comptent parmi les trois milliards d’utilisateur·rices de Facebook, ce qui en fait la première plateforme de médias sociaux du pays pour la septième année consécutive, devançant de loin ses concurrents les plus proches. Un peu moins de la moitié des Canadien·nes (49 pour cent) disent utiliser YouTube, tandis que les trois autres plateformes sociales les plus populaires appartiennent toutes à la société mère Facebook, Meta : Facebook Messenger (49 pour cent), Instagram (37 pour cent) et WhatsApp (35 pour cent).

Malgré sa position dominante parmi les médias sociaux canadiens, les nouvelles ne sont pas toutes bonnes pour Facebook. Sa popularité au sein de la population canadienne n’a cessé de diminuer depuis 2018, année où plus des trois quarts d’entre nous (77 pour cent) avons déclaré être des adeptes enthousiastes de Facebook, soit la proportion la plus élevée depuis le début de nos recherches dans le cadre de notre recherche pour le Dossier documentaire sur Internet. À 61 pour cent, sa part du gâteau des médias sociaux au Canada est à son plus bas niveau à ce jour.

 

Et qu’en est-il de la relation? C’est compliqué.

Qu’est-ce qui se cache derrière cette baisse de 16 pour cent? La concurrence accrue d’acteurs tels que TikTok et Instagram y contribue, tout comme la perte de confiance du public dans la plateforme à la suite de diverses atteintes à la vie privée très médiatisées, notamment le scandale Cambridge Analytica dans lequel Facebook a mal géré les données privées de 50 millions de ses utilisateur·rices. Outre ces questions, les résultats de l’enquête du Dossier documentaire révèlent qu’un nombre de Canadien·nes entretiennent une relation d’amour-haine (ou, comme le diraient les membres de la génération Z, une relation de situation) avec le poids lourd des médias sociaux. Ces personnes utilisent toujours la plateforme pour communiquer avec leurs amis et leur famille, partager des photos et des vidéos, rechercher des marques et des produits et se divertir en consultant le plus récent contenu viral. En même temps, ils deviennent de plus en plus mal à l’aise avec certains aspects indésirables de l’expérience Facebook.

Par exemple, 28 pour cent des Canadien·nes décrivent la plateforme Facebook comme « dangereuse pour les enfants », contre 13 pour cent pour Instagram et 12 pour cent pour YouTube. Facebook est décrite par 28 pour cent d’entre nous comme « toxique » et par un quart d’entre nous comme « créant une dépendance », dépassant dans les deux catégories Instagram, son rival le plus proche. Instagram est considérée comme « créant une dépendance » par seulement 16 pour cent d’entre nous et « toxique » par 11 pour cent.

Comme si ces préoccupations n’étaient pas suffisantes, Facebook est également vue par 34 pour cent des Canadien·nes comme la plateforme de médias sociaux la plus susceptible d’utiliser leurs données personnelles pour les cibler avec des publicités hyperpersonnelles. La deuxième plateforme la plus susceptible d’être sélectionnée dans cette catégorie, TikTok, a été citée par seulement sept pour cent d’entre nous. Dans le cadre d’une vaste évaluation des sites de médias sociaux, les Canadien·nes ont choisi Facebook comme la deuxième plateforme la plus susceptible de promouvoir la désinformation (17 pour cent), tout juste derrière X (18 pour cent), et la deuxième la plus susceptible de promouvoir du contenu polarisant (13 pour cent), encore une fois derrière X à 18 pour cent.

Pour couronner le tout, la population canadienne ne considère même pas Facebook comme particulièrement « utile », terminant (à 14 pour cent) loin derrière YouTube (27 pour cent) dans cette catégorie, tandis qu’à peine un·e Canadien·ne sur dix (11 pour cent) qualifie Facebook comme une expérience « positive », contre 16 pour cent pour YouTube, la plateforme la plus importante dans cette catégorie.

 

Une lueur d’espoir?

Sur le plan positif, le sondage semble indiquer que Facebook s’est un peu améliorée dans certains domaines. En résumé : huit pour cent d’entre nous ont choisi Facebook comme la deuxième plateforme la plus susceptible d’agir de manière responsable, juste derrière LinkedIn (9 pour cent). Nous avons également choisi Facebook comme deuxième la plus susceptible (6 pour cent) d’avoir des renseignements exacts, encore une fois derrière LinkedIn à 10 pour cent.

Les Canadien·nes voient de façon plus positive les mesures mises en place par Facebook pour réduire les effets négatifs du contenu potentiellement nuisible pour ses utilisateur·rices. Par exemple, 13 pour cent d’entre nous l’ont choisie comme la plateforme sociale la plus susceptible de signaler du contenu faux ou nuisible, devant YouTube (5 pour cent) et X (5 pour cent), et comme le site le plus susceptible de supprimer du contenu illégal et nuisible (13 pour cent), comparativement à 7 pour cent pour YouTube et 4 pour cent pour LinkedIn.

Il est impossible de prédire si Facebook peut réussir à surmonter les nombreux défis auxquels elle fait face et raviver la passion de son énorme base d’utilisateur·rices au Canada et partout dans le monde. Avec la sortie de Meta AI, les Canadien·nes peuvent s’attendre à voir de nouvelles capacités novatrices arriver bientôt. Mais en attendant, ils et elles devront faire de leur mieux pour continuer à gérer leur relation complexe avec la plateforme.

À propos de l’auteur
Georgia Evans

Georgia est analyste des politiques et de la défense des intérêts de CIRA où elle soutient l’élaboration des politiques et des affaires publiques de CIRA. Elle participe aux tâches de secrétariat du Forum canadien sur la gouvernance de l’Internet et agit à titre d’administratrice du conseil d’administration de la Société Internet du Canada.

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