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Que de doutes : la difficulté pour les Canadien·nes de distinguer les faits de la fiction en ligne

Par Charles Noir

Chaque année, CIRA commande un sondage annuel pour évaluer la façon dont les Canadien·nes utilisent Internet et publie les résultats dans une nouvelle édition du Dossier documentaire sur Internet au Canada. Cette année, CIRA publie une série d’articles de blogue basés sur les constatations du sondage pour le Dossier documentaire sur Internet au Canada 2024. Le blogue qui suit est le deuxième des quatre de la série.

Comment les Canadien·nes accèdent-ils aux nouvelles?

Il est loin le temps où les Canadien·nes comptaient sur le journal du matin, livré à domicile, ou sur le journal télévisé du soir pour s’informer sur l’actualité. Aujourd’hui, alors que la presse écrite et audiovisuelle classique continue de perdre en popularité et en influence, la plupart des gens se tournent vers des sources d’information en ligne.

Selon des recherches menées pour le plus récent Dossier documentaire sur Internet au Canada, plus des trois quarts d’entre nous (76 pour cent) indiquent s’informer en ligne. Bien que seulement quatre pour cent des Canadien·nes déclarent être abonné·es à un journal numérique payant, la principale méthode d’accès à l’information consiste à visiter des sites d’information et de médias (35 pour cent), suivie de près par des recherches sur Google concernant des événements précis (33 pour cent). Depuis la décision de Meta de retirer le contenu des actualités de ses services canadiens en réponse au projet de loi C-18, la Loi sur les nouvelles en ligne, seulement 15 pour cent des Canadien·nes citent la plateforme de média social dominante comme l’une de leurs principales sources d’informations, une forte baisse par rapport aux 34 pour cent de 2023.

Au-delà de ces méthodes populaires pour rester informé·es, un grand nombre de Canadien·nes se tournent de plus en plus vers les plateformes de médias sociaux comme autre source d’information pour savoir ce qui se passe dans le monde. Un peu moins d’un dixième d’entre nous (9 pour cent) énumère d’autres sites ou plateformes de médias sociaux comme l’une des meilleures façons d’accéder aux nouvelles en ligne.

X, YouTube, TikTok, Instagram, Snapchat et des dizaines d’autres plateformes sociales présentent toutes des informations et des commentaires sur l’actualité, la politique, l’économie, les problèmes sociaux et plus encore. Bien que les entreprises médiatiques classiques se jettent dans la mêlée avec leurs propres chaînes officielles et du contenu sur ces plateformes, ce sont les influenceur·ses, les expert·es autoproclamé·es et les journalistes citoyen·nes, dont certain·es ont des dizaines de millions d’abonné·es, qui ont sans doute l’impact le plus important.

Comment les Canadien·nes gérent-ils la désinformation? 

Le tsunami de nouvelles numériques qui nous parvient chaque jour, dont certaines sont fondées sur des faits et d’autres non, crée un écosystème informationnel extrêmement fracturé et chaotique. Il n’est donc pas surprenant qu’un grand nombre de Canadien·nes doutent, s’efforcent de donner un sens à tout cela et se demandent parfois comment il est encore possible de distinguer la réalité de la fiction. Il s’agit d’une tendance inquiétante, en particulier au moment où il est essentiel de s’accorder sur un ensemble de faits pour surmonter les nombreuses crises auxquelles nous faisons face sur les plans politique, environnemental, économique et social.

Et on ne peut pas dire non plus que la population canadienne fait vraiment confiance à l’information qu’elle obtient en ligne. Lorsqu’on leur demande quels services de médias sociaux sont susceptibles de fournir des informations exactes, 32 pour cent des Canadien·nes n’en choisissent aucun et 37 pour cent déclarent ne pas savoir. Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle. Toutefois, dans ce climat d’incertitude, l’un des principaux défis auxquels chaque utilisateur·rice d’Internet et des médias sociaux doit faire face presque quotidiennement consiste à essayer de déterminer si une information particulière figurant dans son fil d’actualité est fondée ou non sur des faits. Quelle que soit notre maîtrise des médias, il arrive que nous nous fassions duper.

Selon le sondage de cette année, environ un·e Canadien·ne sur dix déclare avoir aimé, partagé ou repartagé des contenus faux, trompeurs ou mensongers. Treize pour cent ont admis l’avoir « peut-être » fait et quinze pour cent, ne pas être sûrs de l’avoir fait. La bonne nouvelle, c’est que lorsque nous réalisons que nous avons involontairement partagé de mauvaises informations, 90 pour cent d’entre nous déclarent avoir pris des mesures correctives. Lorsqu’on leur a demandé quelles mesures ils/elles prenaient, 47 pour cent ont dit supprimer l’information erronée, 43 pour cent ont dit aux autres internautes que l’information était mensongère, 42 pour cent n’ont pas partagé cette information et 23 pour cent ont écrit une publication ou un commentaire de suivi pour clarifier ce qu’ils/elles avaient publié.

L’essor rapide des nouvelles technologies, en particulier de l’intelligence artificielle (IA), fait qu’il est encore plus difficile pour les Canadien·nes de distinguer le vrai du faux en ligne. Prenons l’exemple de l’hypertrucage. Cette technique, rendue possible par l’IA, est une forme de mésinformation ou de désinformation qui consiste à manipuler numériquement des séquences vidéo existantes pour fabriquer des séquences qui inventent des choses que les gens n’ont pas faites ou dites, ou des incidents qui n’ont pas réellement eu lieu.

Tandis que 25 pour cent des Canadien·nes déclarent ne pas savoir s’ils/si elles ont été confronté·es à de l’hypertrucage en ligne au cours de l’année écoulée, environ 20 pour cent d’entre eux/elles affirment l’avoir été. Environ la moitié de la population canadienne (51 pour cent) considère l’hypertrucage comme une menace pour les élections au Canada et dans d’autres pays démocratiques. Cette idée mérite d’être gardée à l’esprit compte tenu de la proportion de Canadien·nes (29 pour cent) qui déclarent utiliser les médias sociaux ou les applications de messagerie pour des raisons politiques, par exemple pour obtenir des renseignements sur les élections (17 pour cent) ou s’informer sur les mouvements ou réseaux politiques (15 pour cent).

Voyez comment CIRA finance des projets de sécurité en ligne grâce à son programme de subventions et investit dans des solutions pour aider à protéger les Canadien·nes contre les cybermenaces.

À propos de l’auteur
Charles Noir

Charles Noir dirige le programme d’élaboration de politiques, de plaidoyer et de Net Good de CIRA. Avant de se joindre à CIRA, Charles a passé plus de 15 ans à travailler pour divers ministères et organismes du gouvernement canadien, où il a apporté une contribution importante à l’élaboration de politiques liées à Internet, aux télécommunications internationales, à la cybersécurité et à la technologie. Il possède une vaste expérience dans la conduite de négociations internationales et dans le conseil aux décideur·ses politiques.

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